Interview

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« Le bilan à un niveau qui dépasse nos attentes » dixit Me Djiraïbé Kemneloum Délphine

L’Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH) a vingt cinq ans d’existence. Me Djiraïbé Kemnelauni Déiphine, première présidente de ladite association nous fait le bilan. Elle encourage aussi les dirigeants actuels à continuer à lutter contre l’impunité afin de faire du Tchad un Etat de droit, L’ATDPH a aujourd’hui vingt cinq ans d’existence. Etant la première personne à diriger l’organisation, pouvez-vous nous faire le bilan des vingt cinq années d’existence ?

L’ATPDH a vingt cinq ans. Vingt cinq ans c’est l’âge de maturité. Je dirai sans ambages que je suis comblée de constater qu’aujourd’hui I’ATPDH existe, que notre organisation fait des grandes choses. Notre objectif est de promouvoir et défendre les droits de l’homme. Cette mission,  Nous l’assumons de manière constante à travers les différentes activités de sensibilisation, de formation, de dénonciation et de plaidoyer. Et cela continue à merveille.

S’agissant du travail, nous sommes satisfaits de nos réalisations.

L’ATPDH a relevé le défi de l’existence dans un pays comme le nôtre où les droits de l’homme sont perçus comme une activité dangereuse et compromettante.

L’ATPDH a tenu le cap à continuer à faire du bon travail. L’organisation s’est engagée à lutter contre l’impunité depuis quelques années déjà, aujourd’hui cela rehausse le bilan à un niveau qui dépasse nos attentes. La lutte contre l’impunité a atteint sa vitesse de croisière avec le dossier Hissein Habré.

Je dis tout simplement que l’ATPDH continuera à évoluer dans le bon sens pour apporter sa contribution à la construction de l’Etat de droit quand bien même beaucoup de choses restent à faire au regard de la situation sociopolitique que nous vivons en ce moment. Mais la contribution de I’ATPDH est capitale en ce sens que notre organisation continue toujours de faire en sorte que le droit puisse prévaloir, le reste est du domaine des pouvoirs publics. Mais en le faisant I’ATPDH pousse et amène les pouvoirs publics à s’engager dans la bonne direction

La fin de l’année est marquée par les conflits  agriculteurs-éleveurs au sud et au nord du pays avec mort d’hommes, la grève des agents de l’administration publique. Qu’est-ce qui fait que ce conflit perdure?

Ce n’est pas faute de solution que cette situation perdure. N’ayons pas peur de le dire. La solution est hautement politique.

Les politiques ne veulent pas prendre des mesures qu’il faut ou appliquer la solution qu’il faut pour mettre fin de manière définitive à ces conflits. C’est deux poids, deux mesures. C’est l’absence de justice qui est criarde, il n’y a aucun mécanisme de gestion de conflit qui marche tout simplement par ce que les pouvoirs qui doivent montrer une certaine neutralité, qui doivent mettre en avant le droit pour gérer ce conflit, ne le font pas tout simplement. On est comme dans la jungle. Le plus fort fait sa loi. Ceux qui ont les armes à feu utilisent impunément pour soumettre ceux qui sont plus faibles. Les solutions sont toute faites, si vous comptez le nombre de séminaires qui ont été organisés pour gérer ce conflit éleveur-agriculteur avec des bonnes solutions, de bonnes recommandations qui sont soigneusement gardées dans les tiroirs sans être appliquées. On n en a pas à se poser la question. Il faut avoir le courage politique d’appliquer tout simplement la solution.

Quelles sont les nouvelles voies que vous explorez pour rendre l’organisation pérenne?

Il appartient aux actuels dirigeants de l’ATPDH qui, je crois, irons à leurs grandes assises bientôt d’inscrire leur thématique pour que le congrès en débatte et donne des nouvelles orientations à l’ATPDH. Il est de coutume qu’à chaque congrès, une évaluation est faite et de nouvelles orientations sont données, déterminées les plans d’actions de I’ATPDH pour les années à venir.

Votre dernier mot !

 Je dirai bravo à la présidente de I’ATPDH qui a su amener l’organisation au niveau où elle se trouve maintenant. Le nom de I’ATPDH est dans les annales de l’histoire à travers les grands dossiers tels que ceux de Habré. Je dis également bravo à tous les militants de I’ATPDH, à tous ceux qui œuvrent d’une manière générale pour la promotion des droits de l’homme. Il faut beaucoup de courage et d’abnégation pour faire en sorte que I’ATPDH continue d’évoluer et de tenir haut le flambeau de la lutte pour la promotion les droits de l’homme.

Bakari Oumarou

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