L’Association des Victimes, des Crimes et de Répressions de Hissène Habré a organisé une journée commémorative de la condamnation de Habré et ses sbires. Le président de ladite association, Clément Abaïfouta a profité de cette journée pour demander au gouvernement et ses partenaires de s’impliquer activement afin que les décisions de justice de N’Djamena et Dakar soient traduites dans les faits. Dans sa déclaration liminaire, le président de l’AVCRHH a rappelé les huit ans de règne de Habré. Ces huit années étaient pour la majorité de Tchadiens une hécatombe. Un moment des plus sombres de l’histoire du Tchad marqué par les violations massives des droits humains.
Les victimes de Hissène Habré trouvent inadmissible que sept ans après la condamnation des ex-agents de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS) et cinq ans après celle d’Hissène Habré, elles continuent d’attendre que les décisions de justice soient traduites dans les faits. Pour les victimes, rien ne justifie l’immobilisme des autorités tchadiennes. « Ni la Commission de l’Union africaine ni le gouvernement tchadien ne se prononcent sur le dossier. C’est du surplace. Et rien ne justifie cet immobilisme à pouvoir indemniser les victimes », s’est indigné Clément Abaïfouta. Les victimes qualifient le refus de la mise en œuvre des décisions de la justice d’inertie qui occulte les normes. La lourdeur observée dans la mise en œuvre du processus de réparation traduit la mauvaise volonté du gouvernement, insensible à la souffrance de ses citoyens dont la plupart a atteint le troisième âge et frôlent la mort au quotidien. Toutefois, l’AVCRHH remercie les autorités de transition pour l’octroi d’un bâtiment devant abriter le siège du fonds pour l’indemnisation des victimes. Ce geste si symbolique témoigne de la volonté des autorités de transition à faire avancer les choses. Malheureusement, il n’y a jusque-là rien de précise. « Nous attendons fermement la suite des instructions du président du Comité militaire de transition (CMT) pour que nous puissions être dédommagés puisque le cabinet a été fortement instruit à associer les victimes dans cette démarche », a martelé le président de l’AVCRHH. On peut lire entre autres, sur une banderole à l’entrée du siège de l’AVCRHH : « nous continuons de mourir, le droit aux indemnisations piétiné, quelle frustration ? ».
Bakari Oumarou
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