Des détenus meurent dans une cellule à N’Djamena

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Le 26 avril 2020, quarante quatre (44) détenus de cinquante-huit ((58) présumés membres de Boko-Haram sont morts dans une cellule de la Légion N°10 de la Gendarmerie à N’Djamena. Suite à ces décès, des organisations  de défense des droits de l’homme, notamment la Convention Tchadienne de Défense des Droits de l’Homme (CTDDH) et la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) ont publié chacune un rapport avec des conclusions similaires.

S elon la LTDH, les survivants ont été déportés sans explication, à la prison de Koro-Toro le vendredi 29 mai 2020. L’organisation a pu identifier et entrer en contact avec les parents des survivants, ainsi que ceux des personnes décédées.

Selon les informations recueillies sur le terrain par la LTDH, « les présumés éléments de Boko Haram ont été arrêtés dans différents villages environnants de Bohoma, regroupés à Daboua, puis transférés le 13 avril 2020 à Bagassola où ils seront présentés à la presse, puis acheminés, dans la soirée, à N’Djamena. Le premier constat fait, c’est que sur les 70 personnes présentées à Bagassola, seules 58 arriveront à N’Djaména. »

Parmi les quarante morts, onze personnes sont issues d’une même famille et sont mariées et pères de plusieurs enfants, a indiqué la LTDH.

Selon l’organisation, les quarante quatre détenus ont été sciemment éliminés.

« Certains ont commencé à avoir des démangeaisons sans arrêt, laissant apparaître des éruptions cutanées. Puis, des dattes leurs seront jetées par les persiennes, autour de 13 h, comme repas de la mort. Ils se les sont partagées et ont manifesté de la soif presque aussitôt, les obligeant à tambouriner sur la porte pour solliciter de l’aide. (…) À partir de 18h, une fumée noire a subitement envahie la cellule où étaient détenus les 58 prisonniers, attachés les uns aux autres. Immédiatement, ils se sont mis à tambouriner une fois de plus sur la porte, mais sans succès, cette fois-ci. Certains toussaient, d’autres se sont évanouis et les plus courageux récitaient des versets coraniques ou criaient pour demander de l’eau à boire avant de s’écrouler (…) Ainsi sont-ils tombés les uns après les autres, avant d’expirer. »

La LTDH estime que « de toute évidence, tout laisse croire que, les 44 conjurés ont été sciemment éliminés. Serait-ce les dattes consommées, le sable répandu dans la cellule ou la mystérieuse fumée ? »

La LTDH a indiqué que les personnes présentées comme étant des prisonniers de guerre n’étaient pas en réalité les membres de Boko-Haram. Elles n’ont pas été prises dans l’action de feu ou arme à la main ou avec d’instruments suspects. Elles avaient été arrêtées en dehors de la zone dite d’opération.

« Ces personnes étaient, pour la plupart, des agriculteurs, des commerçants de bétail, de petits commerçants et des pêcheurs des villages du Lac- Tchad, qui faisaient habituellement des allers retours dans les villes frontalières du Niger et du Nigeria, d’une part, pour écouler leurs marchandises et, d’autre part, s’approvisionner en divers produits de premières nécessités. Tous, de nationalité tchadienne, ils étaient en possession des laissez- passer leur permettant de traverser les frontières. (…) Le plus curieux est que certains avaient été arrêtés alors même qu’ils ont indiqué les contacts de leurs parents, les militaires n’avaient pas jugé utile de vérifier l’information », précise l’organisation.

La thèse d’assassinat de masse par empoisonnement

Selon la LTDH, il « s’impose indubitablement la thèse de l’assassinat de masse par empoisonnement ». L’organisation n’exclut pas des « actions conséquences afin que la mort de ces 44 concitoyens et la disparition suspecte de 12 autres ne soient pas vaines. »

Dans son rapport, la LTDH a demandé la libération des survivants  de cette tragédie et exigé  l’ouverture d’une enquête internationale.

Mahamat Adoum Ngardoum

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