Interview

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«Nous ne sommes pas en quête de pouvoir. Nous voulons juste que les droits humains soient respectés» dixit Agnès Ildjima Lokiam.

La présidente de l’Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH), Madame Agnès Ildjima Lokiam a accordé une interview à votre journal. La situation socio-politique, notamment le conflit agriculteurs/éleveurs, les tensions en cette période électorale et surtout la question des libertés étaient les principaux sujet abordés lors de cet entretien.

Madame la présidente, en cette période électorale, nous constatons des fortes tensions entre les acteurs politiques d’une part et ceux de la société civile d’autre part. Ne doit-on pas craindre l’escalade de la violence dans les jours à venir ?

Les périodes électorales ont été toujours des périodes de tension entre les acteurs politiques eux-mêmes d’abord et ensuite cela s’étend au reste de la population. Je ne mettrai pas la société civile d’une part et les acteurs politiques d’autre part car certaines alliances se font en ce moment entre certains leaders politiques et certains leaders de la société civile. Ce que je veux dire ici c’est que la société civile sans faire de la politique « politicienne » peut se prononcer sur les problèmes socio-politiques de son pays comme tout autre citoyen. Nous sommes avant tout des citoyens comme les autres Tchadiens.

La Coalition des ADH a adressé un mémorandum au Président de la République au début de ce mois. Dans ce mémorandum, il lui est demandé de ne pas briquer un 6ème mandant. Ne craignez-vous pas qu’on accuse les organisations de défense des droits de l’homme de jouer le jeu des hommes politiques ?

Les associations signataires de ce mémorandum ne sont pas toutes du collectif des ADH. C’est une coalition ad hoc et l’ATPDH en fait partie. Si l’on s’en tient aux objectifs de ces associations, je crois qu’il est de leur devoir d’œuvrer pour la paix sociale et par conséquent pour le respect des droits humains, condition sine qua non pour une paix véritable et durable. Vous-même, vous venez de parler des tensions, alors vous voudriez que la société civile se taise et qu’elle laisse la population à la merci des acteurs politiques ? Je l’ai dit plus haut, nous, société civile, ne faisons pas ou ne devons pas faire la politique « politicienne ». Nous ne sommes pas en quête de pouvoir. Nous voulons juste que les droits humains soient respectés et que les règles de l’alternance démocratique ne soient pas biaisées. C’est à cet effet que nous avons demandé le report des élections.

Madame la présidente, nous assistons à des violations massives des droits de l’homme à travers tout le pays, notamment le conflit entre agriculteurs et éleveurs, l’enlèvement des enfants contre rançon dans le Mayo-Kebbi. Ces violations des droits de l’homme ne remettent-elles pas en question la cohabitation pacifique entre les Tchadiens ?

Vous avez la réponse dans votre question. Néanmoins, je dirais que le conflit agriculteurs/éleveurs montre vraiment qu’il y a un problème de gouvernance au Tchad. A mon avis,  si l’autorité politique le voulait, ce conflit serait réglé depuis longtemps. Malheureusement, il perdure et nous continuons à dénombrer des morts suite à ce conflit. Idem pour l’enlèvement des enfants et des adultes contre rançon au Mayo-Kebbi qui prend de l’ampleur ces dernières années. La cohabitation pacifique entre Tchadiens s’en trouve vraiment ébranlée.

Les défenseurs des droits de l’homme n’ont-ils pas un rôle à jouer dans la construction de l’Etat de droit ?

Je vous renvoie aux objectifs de l’ATPDH dans ses textes de base.

Votre mot de la fin.

Vivement que tous les Tchadiens, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest connaissent leurs droits et l’exercent. Vivement aussi que l’Etat puisse respecter les droits des populations. Nous aurons ainsi un pays où il fera bon vivre et pour les uns et pour les autres.

Itw réalisée par Bakari Oumarou

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