L’ATPDH enquête sur les événements malheureux de Pont-Carol

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Suite aux événements malheureux survenus le 27 novembre 2017 dernier, à Pont-Carol, une localité située dans la préfecture de Gounou-Gaya  (400 km environ) au sud-ouest de N’Djamena, la capitale. L’Association  a dépêché du 16 au 17 décembre 2017, une mission sur les lieux pour s’enquérir de la situation.

 L’objectif de la mission est de rencontrer les autorités administratives et militaires, les victimes et les autorités traditionnelles/coutumières ainsi que des personnes ressources.. Conduite par le coordonnateur de l’observatoire M. Abdoulaye Djibrine, la mission a rencontré le préfet, le sous-préfet intérimaire, le commandant de brigade, les victimes et les autorités coutumières. En outre, toutes les autorités ont déploré les réactions des associations de défense des droits de l’homme qui ont pris automatiquement cause et partie pour les civils au détriment des forces de défense et de sécurité.

En suite, la mission s’est rendue à la brigade où elle a constaté qu’un hangar a été brûlé ainsi que le drapeau et la radio qui sert de liaison. Une trentaine de chaussures abandonnées par les manifestants.

Selon le chef de mission, en raison de la peur qui se lit asur le visage de la population, il est presque impossible d’avoir des entretiens avec elle.

La mission a pu obtenir des informations suivantes : il y a une sorte de couvre feu qui ne dit pas son nom mais instauré à partir de 22 heures à Pont Carol, il y a des intimidations, tout rassemblement de plus de cinq personnes est suspecté par les agents de l’ANS, les manifestants victimes de blessures ne peuvent pas se présenter en public de peur de représailles. Certains seraient en fuite pour se cacher dans les villages environnants.

Cependant la mission n’a pas pu rencontrer les militants des associations sœurs de défense des droits de l’Homme. Il n’existe pas d’autres associations de défense des droits humains dans la localité.

«Les responsables sanitaires, lors de nos entretiens, ont confirmé la mort de six manifestants sur place et trois ont succombé de suite de leurs blessures. Ils n’ont pas confirmé autres cas de décès. Un groupe d’enseignants,  étant témoins des événements ont aussi confirmé le cas de six morts par balles des forces de défense et de sécurité » a indiqué le  chef de mission Abdoulaye Djibrine.

Aussi, la mission a  fait de plaidoyer auprès des autorités administratives et judicaires de la région afin de garantir le libre exercice des activités des militants des droits de l’homme et surtout le cas du président de la cellule de l’ATPDH.

Le 18 décembre 2017, au retour de PontCarol, les membres de la mission et la Présidente de la section de l’ATPDH du Mayo Kébbi se sont rendus à la maison d’arrêt de Bongor où ils ont eu une séance de travail avec le régisseur et son premier adjoint. La  mission a tenu à  expliquer aux responsables de la maison d’arrêt le but de sa présence.

En effet, la brigade de Pont Carol a transféré Issa Amoula Dobssouma sur instruction du sous préfet sortant et détenu à la maison d’arrêt de Bongor.

Le détenu a affirmé qu’il était à Bol lors des événements du 27 novembre à Pont carol. « Je me trouvais à Bol quand ces événements malheureux se sont déroulés. Dès mon arrivée, je me suis rendu chez mes voisins pour leur présenter condoléances suite aux décès de leurs enfants liés aux événements. J’ai été suivi par des agents de renseignements qui me soupçonnent de chercher à réorganiser les manifestants pour créer de troubles », a déclaré Dobssouna. Il a ajouté après s’être en- tendu, par le parquet qui n’a retenu aucune charge contre lui mais ne comprend pas l’objet de sa détention.

Le gouverneur de la région  aurait demandé à Dobssouna d’écrire une lettre d’excuse avant qu’il  soit libéré. Mais celui-ci a refusé de le faire. Car dit-il, ne peut pas le faire du moment où il ne se reproche de rien. Il est tout simplement victime de son travail, c’est-à-dire de ses activités pour la promotion et la protection des droits de l’homme. Selon certaines sources, Dobssouna est arrêté par ce qu’il dénonce régulièrement les abus de pouvoir de certaines personnalités.

La mission a aussi rencontré les vingt six (26) manifestants détenus dans un quartier spécial de la maison d’arrêt. Ils ont déclaré avoir été battus et torturés lors de leur transfèrement sur Bongor. Mais à la maison d’arrêt, ils sont bien traités.

Après avoir écouté les différentes parties, l’Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH) à formulé quelques recommandations :

A) Au gouvernement :

– de prendre rapidement des mesures pour la mise en liberté du militant des Droits de l’Homme monsieur Issa Amoula Dobssouma détenu arbitrairement à la maison d’arrêt de Bongor ;

-d’ouvrir sans délai des enquêtes indépendantes et impartiales sur toutes les allégations de violation des droits humains dans la localité de Pont Carol ;

– de veiller à ce que les personnes interpellées ne soient gardées en détention prolongée.

– de veiller à ce que les forces de sécurité utilisent les moyens proportionnés lors de opérations de maintien de l’ordre ;

-de prendre des mesures de sécurité pour protéger la population d’éventuelles représailles de certaines personnes impliquées dans ce dossier ;

-d’associer et d’expliquer aux chefs traditionnels et coutumiers de Pont Carol toutes les actions à entreprendre pour la résolution pacifique du conflit lié à ce terrain ;

B) Aux organisations de défense des Droits de l’Homme :

-de se mobiliser pour la libération et la protection du défenseur des Droits de l’Homme monsieur Issa Amoula Dobssouma ;

-d’ouvrir des bureaux à Pont Carol et ses environnants pour des activités de promotion et protection de la population.

 Saleh Mahamat

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