«La lenteur dans le traitement des dossiers des détenus est un problème crucial», Mordissette Sy-Al Ngandé
Une équipe de l’Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme a effectué du 24 au 25 juin 2025, une visite à la maison d’arrêt de Klessoum. Après cette visite, le chef de mission Mordissette Sy-AL Ngande s’est confié à la rédaction du journal Le Roseau.
Vous venez d’effectuer une visite à la maison d’arrêt de Klessoum (N’Djamena), quel est l’objectif de cette visite ?
Nous effectuons régulièrement la mission à la maison d’arrêt de Klessoum. L’objectif de cette mission est de constater de visu les conditions de détention des prisonniers. Pour cette visite nous avons décidé de travailler avec les femmes et les mineurs. Car les femmes et les mineurs constituent une couche vulnérable et nécessitent une attention particulière. . Aussi, dans le triennal en cours, les femmes et les enfants sont prioritaires.
En allant visiter la maison d’arrêt, qu’est-ce que vous apportez aux détenus comme appui ?
L’ATPDH ne dispose pas assez de moyens pour appuyer matériellement les prisonniers. Ce que nous apportons aux détenus, c’est un appui moral et psychologique. Aussi, nous leur apportons quelquefois des produits désinfectant pour améliorer les conditions hygiéniques et des produits de premier soin.
Vous dites que l’ATPDH s’est assignée cette mission depuis sa création, cela fait plus de trente ans que vous visitez les maisons d’arrêt. Après trois décennies de visites, avez-vous observé une amélioration substantielle des conditions de détention ?
Bien sûr les visites dans les maisons d’arrêt ne datent pas d’aujourd’hui à l’ATPDH. En ce qui concerne les améliorations des conditions de détention, cela varie d’une prison à une autre. On constate des améliorations au niveau des structures d’accueil des détenus, notamment la construction des nouvelles maisons d’arrêt construites dans certaines provinces du pays, selon les normes internationales.
Cet effort du gouvernement et ses partenaires ne doit pas s’arrêter à la construction. D’autres élément doivent suivre: il s’agit de: la gestion rationnelle des maisons d’arrêt, l’amélioration des conditions sanitaires et hygiéniques. La prise effective des besoins indispensables aux détenus et enfin le traitement et suivi de leurs dossiers.
C’est vrai que des efforts ont été faits pour l’amélioration des conditions de détention, cependant le gouvernement doit doubler d’effort pour désengorger les maisons d’arrêt. Certains détenus ont passé quatre, cinq ou six ans sans être entendus par le magistrat. Il y a aussi des détenus qui n’ont pas de dossiers. Il ya aussi des détenus qui sont libérés mais sont toujours maintenus par contrainte de corps.
Y a-t-il des cas spécifiques que vous rencontrez pendant vos descentes sur les lieux de détention ?
Oui nous rencontrons des cas spécifiques qui, souvent attirent notre attention: des femmes en grossesse ou qui portent des bébés, des malades mentaux sans soin approprié ni isolement, des personnes étrangères qui ne sont pas en contact avec leur chancellerie et quelquefois des personnes sans familles d’attache.
Après cette visite, avez-vous de recommandations ?
Nous appelons les autorités en charge des lieux de détention de s’investir pleinement dans l’amélioration des conditions de détention. Aussi, nous appelons les autorités judiciaires d’accorder une attention particulière au suivi et traitement des dossiers de détenus. Enfin, nous lançons un appel aux bonnes volontés de soutenir l’ATPDH dans cette mission humanitaire.
Propos recueillis par Bakari Oumarou







