Extrait du rapport d’Amnesty sur la situation de droits de l’homme au Tchad

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Amnesty International a publié son rapport 2016-2017 sur la situation des droits de l’homme dans le monde.  Voici l’extrait du rapport sur la situation des droits de l’homme au Tchad.

République du Tchad Chef de l’État : Idriss Déby Itno Chef du gouvernement : Albert Pahimi

Padacké (a remplacé Kalzeubé Pahimi Deubet en février 2016). Cette année encore, le groupe armé Boko Haram a commis des atrocités dans la région du lac Tchad, où il s’est rendu coupable d’homicides, des pillages et de destructions de biens. Ces violences et la réaction des pouvoirs publics ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes, qui se sont retrouvées dans des conditions déplorables avec un accès extrêmement limité à l’eau et aux installations sanitaires.

L’élection présidentielle d’avril 2016 s’est déroulée sur fond de restrictions de la liberté d’expression, de recours excessif ou injustifié à la force 442 Amnesty International — Rapport

2016/17 contre des manifestants pacifiques et de disparitions forcées. Plus de 389 000 réfugiés vivaient toujours péniblement dans des camps surpeuplés.

Les Chambres Africaines Extraordinaires (CAE), siégeant au Sénégal, ont condamné l’ancien président Hissène Habré à la réclusion à perpétuité pour des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des actes de torture commis au Tchad entre 1982 et 1990.

EXACTIONS PERPÉTRÉES PAR DES GROUPES ARMÉS.

Au cours de l’année, Boko Haram a mené des attaques contre des civils et contre les forces de sécurité, se rendant coupable d’homicides, de pillages et de destructions de biens privés et d’installations publiques. Le 31 janvier, deux attentats-suicides perpétrés par Boko Haram dans les villages de Guité et de Miterine, près du lac

Tchad, ont fait au moins trois morts, dont un membre d’un groupe d’autodéfense, et au moins 56 blessés.

LIBERTÉ D’EXPRESSION ET DE RÉUNION

Les droits à la liberté d’expression et de réunion ont été bafoués. Cette année encore, des défenseurs des droits humains ont été victimes de menaces et de manœuvres d’intimidation, et l’accès aux réseaux sociaux a été régulièrement restreint. Le 19 mars, l’État a interdit toutes les manifestations sans lien avec la campagne électorale. Le 6 février, 17 manifestants pacifiques ont été arrêtés à N’Djamena, la capitale.

Ils ont été détenus pendant deux jours au siège de la police judiciaire ; ils y ont été battus et du gaz lacrymogène a été répandu dans leur cellule. Au moins deux d’entre eux ont dû être admis à l’hôpital en soins intensifs.

Entre le 21 et le 23 mars, quatre militants ont été arrêtés et inculpés de « trouble à l’ordre public » et de « désobéissance à un ordre légitime » parce qu’ils projetaient d’organiser une manifestation pacifique. Ils ont été détenus à la maison d’arrêt d’Am-sinéné, à N’Djamena, du 24 mars au 14 avril. Le 14 avril, ils ont été condamnés à une peine de quatre mois d’emprisonnement avec sursis, assortie d’une interdiction de prendre part à des activités « subversives ».

Le 4 avril, Albissaty Salhe Alazam, un autre militant, a été inculpé de « provocation à un attroupement non armé », « trouble à l’ordre public » et « désobéissance à un ordre légitime » parce qu’il avait organisé une manifestation pacifique prévue pour le lendemain afin de réclamer la libération des quatre militants susmentionnés. Il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis. À la mi-avril, deux défenseurs des droits humains ont fui le pays après avoir reçu des menaces de mort par SMS et lors d’appels téléphoniques anonymes ; ils avaient participé, avant le scrutin, à des manifestations contre la réélection d’Idriss Déby.

Le 17 novembre, 11 militants de l’opposition ont été arrêtés pendant une manifestation non autorisée contre la crise économique et inculpés de participation à un « rassemblement non armé ». Les poursuites ont été abandonnées et ces personnes ont été libérées le 7 décembre.

RECOURS EXCESSIF À LA FORCE

Les forces de sécurité ont eu recours à une force excessive ou injustifiée pour disperser des manifestations à N’Djamena et dans d’autres villes, et ce en toute impunité.

En février et mars, les forces de sécurité ont dispersé violemment plusieurs manifestations pacifiques organisées dans tout le pays afin de réclamer justice au nom de Zouhoura Ibrahim, une lycéenne de 16 ans violée le 8 février. Les auteurs présumés de ce crime sont cinq jeunes hommes entretenant des liens avec les autorités et les forces de sécurité.

Le15 février, la police a tué un lycéen de 17 ans lors d’une manifestation pacifique à N’Djamena et, le 22, les forces de sécurité ont abattu un élève de 15 ans et ont blessé au moins cinq autres personnes dans la ville de Faya-Largeau.

Amnesty International — Rapport 2016/17 443

 

 

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